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Par Sandrine Chevillon

La langue française est un organisme doué de vie en perpétuel devenir. Au même titre qu’un être vivant, elle refuse toute forme de statisme : elle évolue, se transforme, se recrée au gré des progrès techniques, des découvertes technologiques et surtout des mutations sociales et culturelles. La langue vit : les mots qui meurent dans la désuétude sont remplacés par d’autres qui naissent par nécessité. La disparition des archaïsmes est dans l’ordre des choses de la langue, tandis que la création des néologismes assure son devenir, sa pérennité et sa modernité.

En règle générale, les mots apparaissent par formation populaire, c’est-à-dire qu’ils proviennent d’un usage naturel et spontané par les locuteurs, ou bien par formation savante, résultant de l’action délibérée de lettrés face à la nécessité d’exprimer une nouvelle réalité. De ce fait, la création de mots est un exercice fréquent qui répond néanmoins à des règles précises selon les différentes méthodes choisies.

En effet, les mots peuvent être formés, dans une moindre mesure, par onomatopées (cf. Le Point du mardi du 13/01/2015) et par abréviation (cf. Le Point du mardi du 28/10/2014). Les Points du mardi relatifs à ces thèmes vous apporteront un éclairage sur le sujet.

D’autre part, si certains mots du vocabulaire français sont des emprunts faits à d’autres langues (redingote vient ainsi de l’anglais riding-coat ; kimono provient quant à lui du japonais), on dénombre également de faux emprunts de mots, artificiellement construits sur le modèle de termes étrangers. C’est le cas de footing, désignant le sport pédestre, tiré de l’anglais foot (pied), auquel est ajouté un suffixe, sur le modèle de rowing (sport nautique).

De la même façon, d’autres mots sont calqués par un simple processus de transposition des éléments dont ils sont formés dans leur langue d’origine. Ainsi gratte-ciel est un calque de l’anglo-américain skyscraper.

Les méthodes de formation savante, à savoir la dérivation et la composition, sont néanmoins les plus usitées, aussi les examinerons-nous avec une plus grande attention.

La dérivation impropre consiste à utiliser un mot dans une autre catégorie grammaticale que sa catégorie d’origine :

  des noms sont donc créés à partir d’adjectifs (un malade, le beau…), d’infinitifs (le sourire, le savoir, un aller-simple…), de participes présents ou passés (un trafiquant, un raccourci, une issue…), un pronom (le moi), un impératif (le rendez-vous), des mots invariables de toute nature (le bien, les devants, de grands bravos…) ;

  pareillement, des adjectifs apparaissent grâce à des noms (rose, marron, orange…), des participes (un homme charmant, un livre illustré…) ou encore des adverbes (des gens bien…) ;

  des adverbes voient à leur tour le jour au moyen de noms et d’adjectifs : peu chargé, voir clair… ;

  des prépositions sont construites à l’aide d’adjectifs et de participes : plein ses poches, durant dix ans, excepté les enfants… ;

  des conjonctions émanent d’adverbes : Aussi verrons-nous…, ainsi je conclus que… ;

  des interjections proviennent de noms, d’adjectifs, d’adverbes ou de formes verbales : Attention, bon, assez, suffit…

La langue française ne s’est pas faite en un seul mardi ! Nous ferons donc le Point, la semaine prochaine, sur la formation par dérivation propre.