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Par Sandrine Chevillon

Poursuivons, chers inconditionnels, notre défilé des modes. À titre indicatif, rappelons qu’il est impératif de s’éloigner du subj(o)nctif car l’infinitif participe au passé comme au présent de la concordance des temps. Et celle-ci conditionne, elle, l’harmonie de nos écrits !

De manière générale, on distingue deux valeurs au conditionnel. Examinons d’abord l’emploi temporel du conditionnel, dans lequel présent et passé s’opposent sur le plan aspectuel, comme c’est le cas pour toutes les autres formes simples et composées.

Le conditionnel est dit temporel car, de même que le futur simple exprime l’avenir par rapport au présent, le conditionnel exprime l’avenir par rapport au passé. Ainsi écrirons-nous : Vous savez que la formation aux spécificités du métier d’écrivain public se déroulera en octobre prochain ou bien vous saviez que la prochaine formation de l’AEPF se déroulerait à Lyon. Notons que pour prendre cette valeur temporelle, le conditionnel doit être relié à une indication explicite du passé. De ce fait, le plus souvent celle-ci est fournie par une proposition principale à un temps du passé dont dépend une proposition subordonnée au conditionnel. En témoignent les exemples suivants : Il a/avait appris que les invités seraient en retard ; elle pensa qu’il serait déçu…

Par ailleurs, le conditionnel s’emploie également en phrase indépendante, au style indirect libre (voir le Point du mardi du 9 décembre 2014) inséré dans un récit au passé. On relatera donc : D’avance l’écrivain public s’organisait. Lundi, il corrigerait un mémoire ; mardi, il s’entretiendrait avec le client dont il avait commencé la biographie ; mercredi, il tiendrait sa permanence à la mairie ; jeudi, il rédigerait trois courriers et un compte-rendu de réunion ; vendredi, il prospecterait de nouveaux clients. Il savait pertinemment que son planning serait modifié plusieurs fois car de nouveaux travaux d’écriture viendraient s’ajouter à cette liste…

Remarquons en outre que le conditionnel présent et le conditionnel passé s’opposent sur un plan aspectuel. En effet, le premier évoque une action en cours de déroulement, tandis que le second envisage une action accomplie dans l’avenir, mais toujours par rapport au passé. La nuance est bien présente entre elle affirmait qu’elle rentrerait à midi (qui indique qu’à midi elle serait en train de rentrer) et elle affirme qu’elle serait rentrée à midi (qui précise qu’à midi elle serait chez elle).

Ajoutons pour terminer que dans cet emploi temporel, le conditionnel peut être remplacé par des auxiliaires. Aussi écrirons-nous : Il était évident qu’un troisième Point allait être nécessaire (aller + infinitif anticipe l’avenir) ; les lecteurs du Point devaient attendre la semaine suivante pour étudier le conditionnel modal (devoir + infinitif exprime la perspective à venir).