Par Sandrine Chevillon
Généralement, les éléments de la proposition sont placés suivant un ordre réglé par leur fonction grammaticale. On exprime ainsi d’abord le sujet (point de départ de l’énoncé), suivi par le verbe, puis l’attribut ou le complément (qu’il soit d’objet ou circonstanciel). On produit de ce fait des enchaînements du type :
• Sujet + verbe intransitif (qui n’accepte pas de complément) : Le soleil brille ;
• Sujet + verbe copule (ou verbe lien) + attribut : Le soleil est ardent ;
• Sujet + verbe transitif + COD/COI : Le soleil réchauffe la terre ;
• Sujet + verbe + complément circonstanciel : Le soleil descend à l’horizon.
Si le verbe a plusieurs compléments, d’ordinaire l’harmonie demande que le plus long soit placé à la fin : L’écrivain a besoin d’encre, de beaucoup de temps et d’une source intarissable d’inspiration.
Cependant l’ordre des mots n’est pas uniquement réglé par les fonctions grammaticales des éléments de la proposition. Le plus souvent on les ordonne selon un principe logique, qui tient compte des mouvements mêmes de la pensée, de la chronologie des faits et de leur importance relative. On écrira donc : Le décollage (d’abord) et l’atterrissage (ensuite) sont des étapes délicates pour les pilotes (cause) qui doivent rester très vigilants (conséquence).
Néanmoins, pour créer des effets de style, on optera pour un ordre affectif qui suit les mouvements très variés des sentiments, ou un ordre esthétique qui produit la surprise, l’emphase, la variété, etc. Parmi les procédés dont on dispose pour ce faire, on relève notamment certaines figures de style :
• l’inversion est un renversement de l’ordre habituel des mots. Ainsi le sujet, l’attribut, le complément de verbe, peuvent occuper une autre place que celle qu’indiquerait la construction habituelle : Huit enfants elle a eus. Cette structure permet de mettre en évidence le syntagme déplacé ;
• l’anacoluthe est une construction brisée. La phrase, commencée d’une façon, s’achève d’une autre manière : Le nez de Cléopâtre, s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé ;
• les tournures emphatiques :
le redoublement d’un élément de la phrase par un pronom : Ce paysage, il est magnifique ; Profondément pacifiste, il l’avait toujours été ;
le présentatif c’est … qui ou c’est … que : C’est moi qui suis le chef ; c’est demain que je pars.
Fin des hostilités ! Écoutez sonner le clairon de la victoire. À vos ordres, chevaliers de l’AEPF !