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(par Sandrine Chevillon)

Dans un récit comme un courrier administratif, impossible de faire l’impasse sur l’impératif. Pourtant ce mode est celui de l’injonction, c’est-à-dire de l’ordre donné parfois sans ménagement. On nous en a tant rebattu les oreilles à l’école qu’y raisonne encore un « Ouvrez vos livres de grammaire, interrogation écrite ! », d’un ton à la fois péremptoire et revêche, rugi par un professeur autant aigri que sournois (à l’origine d’ailleurs d’allergies bénignes, voire d’intolérances sérieuses à la syntaxe et à l’orthotypographie… j’en entends déjà certains suffoquer !). Remettons de l’ordre dans nos idées sur l’impératif.

Sur le plan morphologique, l’impératif est le mode le plus restreint et, de ce fait, le plus facile à mémoriser. Il s’agit en effet d’un mode qui ne comporte que trois personnes (les 2e du singulier et du pluriel et la 1e du pluriel) et seulement deux temps le présent de forme simple (chante) et le passé de forme composée (aie chanté).

Impératif présent
PARLER / FINIR / PRENDRE
Parle / Finis / Prends
Parlons / Finissons / Prenons
Parlez / Finissez / Prenez

Impératif passé
RANGER / PARTIR
Aie rangé / Sois parti(e)
Ayons rangé / Soyons parti(e)s
Ayez rangé / Soyez parti(es)

Remarquons que les verbes du premier groupe (terminaison de l’infinitif en -er et ceux du troisième groupe en -ir, tels que cueillir, ouvrir, offrir…) perdent le -s final à la deuxième personne du singulier. Cette particularité permet de distinguer le présent de l’impératif du présent de l’indicatif.

Syntaxiquement, il est à noter que l’impératif possède deux faits remarquables :
• le verbe s’emploie sans groupe nominal ou pronom sujet. Seule la désinence verbale permet de spécifier le destinataire du propos. Toutefois, il est possible d’ajouter une apostrophe pour désigner le destinataire : Approchez, mes enfants ; Viens, mon fils ; Parlez, Monsieur ;
• les pronoms personnels compléments se placent tous après le verbe : Écris-moi ; Écoute-le. On veillera à respecter l’ordre des pronoms quand il y en a plusieurs, à savoir : verbe à l’impératif + pronom personnel COD + pronom personnel COI + pronom « en » ou « y ». Il faudra par conséquent écrire : Donne-le lui ; Offre-lui en ; Vas-y…

Sur le plan sémantique, l’impératif a une valeur fondamentalement directive, puisqu’il vise à orienter la conduite du destinataire. En d’autres termes, il peut exprimer une injonction (Ouvrez vos manuels de grammaire !), une défense (Ne prenez pas cet air désespéré !), une exhortation (Pensez au temps que vous gagnerez à connaître toutes ces règles par cœur !), un conseil (Concentrez-vous !), une suggestion (Optez pour la lecture du Point du mardi !), une prière (N’hésitez pas à me donner des idées pour les prochains points !) ou une demande polie (Veuillez agréer mes sincères remerciements pour vos lectures hebdomadaires !).

En outre, on pourra utiliser l’impératif dans une phrase complexe afin d’exprimer une relation de conséquence ou de concession entre la proposition principale et la subordonnée coordonnée ou juxtaposée, comme dans les exemples suivants : « Tire la chevillette, la bobinette cherra » ; Continuez de parler, je ne changerai pas d’avis.

Notons pour finir que l’impératif présent permet de situer l’action dans un avenir, aussi bien immédiat que lointain, au moment de l’énonciation : Partons tout de suite ; Retrouvons-nous dans dix ans. Utilisé dans les proverbes, il exprime alors une vérité générale valable de tout temps : N’éveillez pas le chat qui dort.

L’impératif passé, moins usité, marque une antériorité car il envisage l’action à venir comme effectivement réalisée à un moment du futur, souvent indiqué par un complément circonstanciel : Soyez rentrés avant minuit.

À vous désormais de manier les verbes en mode injonctif : le mot d’ordre est impératif !