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Comme nous avions évoqué précédemment les différents types de discours dont nous disposons afin de retranscrire les paroles de nos personnages, je vous propose aujourd’hui de prolonger notre réflexion par l’étude des procédés et des aspects du dialogue littéraire.

Le cas de figure le plus répandu est celui du dialogue ancré dans un texte narratif. La transition qui consiste à passer du récit au dialogue est parfois délicate. Il est donc conseillé pour la rendre aussi naturelle que possible d’introduire la conversation par une proposition indépendante ou incise contenant un verbe de mouvement ou de parole et l’identité du locuteur. On pourra par exemple débuter ainsi :
L’enfant sortit son livre de grammaire :
« Quelle leçon étudierons-nous ce matin ?
― Celle de la page 38 sur la concordance des temps, répondit la maîtresse.
― Oh non, pas encore de la conjugaison ! » s’exclama le petit garçon ne pouvant cacher sa déception.

La dernière incise se placera de préférence après la réplique et les guillemets de fermeture. Ajoutons que la proposition incise ne commence jamais par une majuscule, même si elle suit un point d’exclamation ou d’interrogation. On remarque également que chaque changement de locuteur donne lieu à un tiret à l’exception de la première réplique. Cela est justifié par la présence des guillemets qui marquent l’insertion dans la narration du discours direct. Les guillemets, bien que recommandés ne sont pourtant pas obligatoires. Si on choisit de ne pas les utiliser, toutes les répliques sans exception devront être signalées par un tiret cadratin.

En ce qui concerne le passage à la ligne, il est bien entendu préconisé afin d’apporter de la clarté au texte. Signalons toutefois que, dans le domaine du journalisme, on tend à s’affranchir de cette contrainte. Pour des raisons de place restreinte, parfois une seule colonne, une espace sépare la fin d’une réplique du tiret introducteur de la suivante. On utilisera cette mise en page exclusivement dans le cas d’un dialogue court.

Notons par ailleurs, que le t, dit euphonique, que l’on rencontre dans les incises (demanda-t-il, insista-t-elle…), ne possède aucune fonction sémantique. Son unique rôle est de faciliter la prononciation en permettant une liaison. C’est donc des tirets qui le séparent du verbe et du sujet qu’il relie et non pas une apostrophe d’élision. On prendra soin de varier les appellations des locuteurs dans les incises, voire de ne pas en faire mention systématiquement dans la mesure où le lecteur parvient à déterminer qui parle. En outre, on veillera à ce que les répliques s’enchaînent logiquement (une question entraîne une réponse !) sans toutefois comporter de prise de parole inutile ou ne faisant pas avancer le propos. De plus, on n’abusera pas des interjections et des onomatopées (ben, hein, ah, oh, euh…) qui jalonnent pourtant nos conversations, car le dialogue littéraire doit être épuré de ces sortes d’« aléas du direct ».

Autre possibilité pour faire parler vos héros : le dialogue de théâtre. L’écriture théâtrale nécessite une mise en page particulière. En effet le texte de théâtre est initialement destiné à être interprété sur scène par des acteurs, aussi doit-il fonctionner comme un « script », c’est-à-dire faire figurer le nom du locuteur avant chaque réplique. Nous pourrons à notre convenance opter pour l’une ou l’autre présentation :

L’ENFANT (sortant son livre de grammaire) ― Quelle leçon étudierons-nous ce matin ?
LA MAÎTRESSE ― Celle de la page 38 sur la concordance des temps.
L’ENFANT (déçu) ― Oh non, pas encore de la conjugaison !

LA MAÎTRESSE, souriant
C’est une leçon bien plus simple qu’il n’y paraît.

L’ENFANT, malicieusement
C’est ce que vous nous dites toujours !

Les indications scéniques en italique et éventuellement entre parenthèses sont appelées didascalies. Elles renseignent sur le ton ou la gestuelle que l’acteur devra rendre en interprétant le texte. Les répliques peuvent être très longues, on les appelle des tirades, ou très courtes et se succéder rapidement, il s’agit alors d’une stichomythie. La tirade permet à un personnage de relater un événement antérieur ou extérieur à la scène de théâtre. Il ne faut pas la confondre avec le monologue qui constitue une scène à part entière où un seul personnage est présent et parle. Les stichomythies sont utilisées pour mettre en scène une altercation entre des protagonistes qui se répondent de manière brève et du « tac au tac ». Ajoutons que le personnage de théâtre peut s’adresser directement au public dans le cas de l’aparté, signalé par la didascalie à part. Enfin, rappelons que la pièce de théâtre est composée d’actes, eux-mêmes divisés en scènes et qu’il convient de mentionner au début de chaque scène, sous forme de liste, les personnages présents, qu’ils prennent la parole ou non.

Fin de ce coup de projecteur. Rappelez-vous que si vous mettez en scènes vos textes, vous n’aurez pas voix au chapitre ! Effet dramatique par excellence : la parole est un acte pour l’auteur. Chers écrivains publics, vous êtes donc en permanence sous les feux de la rampe ! Les planches sont savonneuses, mais côté cour(s) (de grammaire), la troupe de l’AEPF est aux premières loges. Rideau !