(par Sandrine Chevillon)
Douce France, tes communes aux noms évocateurs résonnent comme une invitation à l’écriture : La Plume, Romans (-sur-Isère), Vers, La Feuillée, Still, Contes, Essay, Bédée, Descartes, Pageas, Livron… L’inspiration emporte déjà les doigts des écrivains publics qui dansent en cadence sur les claviers, et s’arrêtent soudain, comme stoppés dans leur course folle par un obstacle invisible. Le silence se fait, pesant comme une encyclopédie. L’éternelle question est à nouveau posée : comment écrit-on ce toponyme ? Enfin le Point (du Mardi) se substitue au doute, et les mains des écrivains publics manient majuscules et tirets dans l’harmonie la plus heureuse !
L’orthographe des toponymes, c’est-à-dire des noms de communes, de localités, de lieux-dits et autres emplacements géographiques, est régie par quelques règles strictes, mais somme toute assez faciles à retenir.
Ces toponymes peuvent être simples, c’est-à-dire ne comportant qu’un seul mot accompagné ou non d’un article (qui n’a pas d’autre fonction que de marquer le genre et le nombre) : Paris, le Rhône, la Seine… Les toponymes composés comportent, quant à eux, plusieurs termes agglutinés ou distincts éventuellement accompagnés d’un article : le Champ Clos, le Fief des Brandes, la Baie des Anges…
La norme d’écriture des majuscules et minuscules est la suivante : les substantifs et adjectifs prennent toujours une majuscule ; les articles, prépositions, conjonctions et adverbes prennent une majuscule en début de nom et une minuscule à l’intérieur du nom, à l’exception de « Hors » qui prend toujours une majuscule et des prépositions situées en fin de toponyme. On devra donc écrire : Issy-les-Moulineaux, La Roche-sur-Yon, Saint-Nazaire, Aix-en-Provence, Saint-Offenge-Dessus, Foucaucourt-Hors-Nesle…
Conformément à l’usage de l’Imprimerie Nationale et des dictionnaires, les accents et autres signes diacritiques tels que le tréma doivent figurer aussi bien sur les minuscules que les majuscules. On prendra soin d’orthographier ainsi : Île de Ré, l’Épine, rue de l’Évêque… (Sous Word, voir onglet « Insertion », puis « Symbole ».)
D’autre part, l’usage du trait d’union, dans les noms officiels composés, est imposé entre tous les termes, sauf après l’article initial ou lorsqu’il y a une apostrophe : Pas-de-Calais, Gif-sur-Yvette, L’Isle-sur-la-Sorgues, Clavans-en-Haut-Oisans… Il en va de même, pour les noms des saints, entre l’adjectif doté d’une majuscule et le nom qui le suit : Saint-Jean, Sainte-Croix, Saintes-Maries-de-la-Mer… Un trait d’union relie toujours « Notre » et « Dame », comme le montrent ces exemples : Notre-Dame-des-Landes, Notre-Dame des Neiges (abbaye et non ville). Toutefois une exception est à relever : les noms de lieux habités, de lieux-dits, de détails géographiques ne comportent en principe jamais de trait d’union : le Pont Neuf, Maison Martin, Combe Loup, Col du Mont Genèvre…
Enfin, la préposition « lès » qui signifie « près de » apparaît à l’intérieur de certains toponymes. D’usage vieilli, elle n’est plus rencontrée que dans une minorité de noms de communes. En général, il s’agit d’une localité qui tient à se situer par rapport à une ville voisine plus grande, comme Murviel-lès-Montpellier. « Lez » est une variante de « lès » de même sens. On notera donc : Joué-lès-Tours, Sainte-Foy-lès-Lyon, Saint-André-lez-Lille, Villeneuve-lez-Avignon… Remarquons qu’il ne faut pas confondre la préposition « lez » signifiant « près de » et « Lez » en fin de toponyme indiquant le nom d’une rivière à proximité de la localité : Castelnau-le-Lez (cours d’eau tristement célèbre depuis les inondations de Montpellier en 2014), Montbrison-sur-Lez (très joli petit village de la Drôme provençale, à deux pas de mon bureau, traversé par une rivière que personne ne connaît !).
Vous voilà prêts à faire voyager vos lecteurs vers de poétiques, pratiques ou administratives destinations.