Par Sandrine Chevillon
La principale difficulté à laquelle nous sommes confrontés est celle du sujet composé d’un nom et d’un complément du nom. En effet, dans ce cas, il s’agit de déterminer si l’accord du verbe se fait avec le premier ou le second substantif. Le plus souvent les règles sont strictement définies. Mais il arrive toutefois que l’accord soit fonction de l’intention de l’auteur.
Derrière la plupart de
, le verbe s’accorde avec le complément. On écrira donc la plupart des enfants jouent dans la cour de l’école ; la plupart du temps se passe à attendre… En revanche, si l’expression est employée sans complément, le verbe se met au pluriel. Aussi dirons-nous : La plupart prennent les transports en commun. Avec un sujet de la forme nombre de ou quantité de, le verbe se met toujours au pluriel : Nombre de livres sont intéressants. À la suite de moins de deux, le verbe se met également toujours au pluriel. Toutefois après plus d’un(e), le singulier est de rigueur. Ainsi moins de deux sont présents mais plus d’un est absent. Néanmoins, il est à noter que si l’action est réciproque, plus d’un admet alors un pluriel : Plus d’un spectateur se regardaient abasourdis. Si le peu de sous-entend le trop peu de, en insistant sur l’aspect insuffisant, le masculin singulier est nécessaire. Cependant, si peu n’a aucune valeur négative, l’accord se fait alors avec le complément ; c’est pourquoi le peu d’amis que j’ai me suffisent. Enfin, dans le cas de trop de, l’accord se fait le plus souvent avec le complément : Trop d’écrivains font encore des fautes d’orthographe. Le singulier se justifie toutefois si l’on tient à insister sur l’excès de quelque chose : Trop de cigarettes nuit à la santé. Par ailleurs, une seconde particularité est à relever. De manière générale, plusieurs sujets reliés impliquent l’accord du verbe au pluriel ; pourtant un accord au singulier est parfois nécessaire. Lorsque comme, ainsi que, etc. relient des sujets, le verbe est le plus souvent au pluriel. On veillera toutefois à tenir compte de la ponctuation, car si l’un des éléments précédé de comme est encadré par des virgules, il n’a plus un rôle de sujet mais sert seulement à établir une comparaison : L’ordinateur, comme le stylo, est un accessoire indispensable de l’écrivain public moderne. D’autre part, la conjonction de coordination ou permet globalement de formuler un choix sans concession possible : C’est l’un ou l’autre. De ce fait, les deux éléments reliés par ou s’excluent mutuellement. Le verbe est par conséquent au singulier : Pierre ou Paul sera le prochain président (il s’agit bien de l’un ou de l’autre, mais pas des deux). Plus rarement, il peut arriver que les deux éléments reliés par ou ne s’excluent pas. Le verbe se met alors au pluriel : La fatigue ou l’ennui auront eu raison de lui. En outre, si le sujet est composé de plusieurs termes qui décrivent une même personne ou une même chose, seul le plus proche du verbe commande l’accord : C’est un acteur et un réalisateur de talent qui fut récompensé. Pareillement, si le sujet est composé de plusieurs termes qui reflètent une progression, ou si le dernier terme résume tous les autres, seul le plus proche du verbe commande l’accord : L’ennui, la mélancolie, la tristesse s’empara d’elle peu à peu. Ajoutons pour finir, que lorsque le sujet est composé de plusieurs termes précédés de chaque, le verbe se met le plus souvent au singulier : Chaque samedi et chaque dimanche est consacré à la détente (car on peut les considérer individuellement). Il en va de même du sujet composé de plusieurs termes précédés de aucun, tout, nul ou pas un : Aucune pièce justificative ni aucun paiement n’est nécessaire pour effectuer une réservation. Chers écrivains publics, la grammaire, tout comme l’orthographe, est un art dont chaque semaine nous perçons un peu plus les secrets. Plus d’un Point sera encore nécessaire pour faire toute la lumière sur les pièges que rencontrent nos plumes.