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Il est des mots qui mettent la pagaille dans la langue française et nous donnent de sacrés maux de tête. Pâque, pâque, Pâques ou bien pâques ? Le suspens sera de courte durée : tous à la fois, avec ou sans majuscule, au singulier ou au pluriel, au féminin ou au masculin. Même en mettant tous vos œufs dans le même panier, vous n’aurez jamais un seul mot de Pâques. Vous êtes prêts ? Alors c’est parti pour fêter Pâques – non, la Pâque je voulais dire – et nourrissons-nous de la pâque sans oublier de faire nos pâques.

Tentons de faire simple là où tout semble embrouillé. Pâque, nom féminin singulier, désigne la fête juive qui commémore la sortie d’Égypte du peuple hébreu, sa libération et l’annonce de sa rédemption messianique, c’est-à-dire le salut apporté par Jésus-Christ à l’humanité pécheresse. En effet, à l’époque des pharaons, les Hébreux vivaient en esclavage en Égypte. Leur traversée de la mer Rouge à pied sec a permis de séparer le pays de la servitude et celui de la Terre promise. C’est donc le passage de l’esclavage à la liberté. La Pâque juive célèbre la naissance d’Israël en tant que peuple et se veut la fête de la Liberté.

À l’origine, Pâque est un mot hébreu pessa’h qui signifie passage. Il évoque le passage de Dieu au-dessus des maisons des Hébreux qu’il voulait épargner quand il fit mourir les premiers-nés d’Égypte. Il a été traduit en grec biblique par Paskha. De là serait issu le mot du latin ecclésiastique Pascha, qui désignait la Pâque juive et l’agneau pascal que les Juifs mangeaient pour célébrer la Pâque. Le latin populaire a transformé Pascha en pascua, nourriture, pâture du verbe pascere, paître, nourrir. La pâque avec un p minuscule, nom toujours au féminin singulier, désigne cet agneau sacrifié qui au sens figuré représente Jésus sacrifié dans la religion chrétienne. Manger la pâque, c’est manger l’agneau. Saviez-vous que traditionnellement une coupe de vin est posée sur la table et que la porte d’entrée est laissée ouverte ? Ce sont des signes pour accueillir le prophète Élie qui participe à la Pâque juive. Notons qu’avant le XVe siècle, Pâque s’écrivait Pasque, et qu’il a donc fallu la chute du S, dit amuïssement, pour faire venir l’accent circonflexe sur le A.

Vers le XVe siècle, la distinction sémantique (relative au sens des mots) a été marquée par le moyen de la graphie entre Pâque, la fête juive et Pâques, la fête chrétienne. Mais d’où viendrait ce mot Pâques avec un S, sachant pertinemment que les premiers chrétiens observaient la Pâque et non les Pâques ? Il semblerait que Pâques était simplement une fête païenne célébrant le printemps et la première pleine lune après l’équinoxe de printemps (durée égale du jour et de la nuit). Le nom anglais de Pâques, Easter, et celui allemand, Ostern, confirmeraient cette origine païenne. Ils désigneraient une divinité anglo-saxonne du printemps et de la fertilité, Eostre ou Ostara, en l’honneur de laquelle un festival se tenait chaque année avec ses offrandes caractéristiques : des œufs peints ou un lièvre (devenu lapin), symbole de fécondité et animal fétiche de la déesse.

Revenons à nos moutons, et détaillons de plus près ce mot Pâques. Notre cher dictionnaire nous apprend qu’en ancien français, Pasques était le plus souvent considéré féminin pluriel, parfois féminin singulier, mais que dorénavant il est masculin singulier et ce, malgré le S. Vive notre belle langue si rationnelle… Pâques désigne à la fois la fête chrétienne célébrant la Résurrection de Jésus-Christ tous les ans, mais aussi le jour de cette fête. Ex. : Cette année-là, Pâques était tardif, car il tombait le 24 avril. Tout serait limpide si la grammaire française n’était pas si diabolique en transformant notre genre masculin et notre nombre singulier en féminin pluriel lorsque notre beau mot de Pâques se fait accompagner d’une épithète. Ex. : Joyeuses Pâques ! À Pâques fleuries (le dimanche des Rameaux précédant Pâques). À Pâques closes (le dimanche qui suit Pâques, aussi appelé Quasimodo). Notre mot peut aussi s’écrire sans majuscule dans l’expression « faire ses pâques », c’est-à-dire recevoir la communion à Pâques dans la religion catholique. Le p minuscule se justifie car pâques désigne par métonymie le nom commun « communion ».

Savez-vous que la pâquerette se nomme ainsi pour sa floraison à Pâques ?

Devinez-vous quel jour fut découverte l’île de Pâques dan s l’océan Pacifique? Le Néerlandais Jacob Roggeveen découvre cette île perdue le dimanche de Pâques 5 avril 1722.

Avant de fêter ce dimanche de Pâques 2015, ÉCRIRE ENSEMBLE vous offre un florilège d’expressions :

À Pâques ou à la Trinité

Noël au balcon, Pâques au tison

Tarde que tarde, en avril aura Pâques

Pâques désirées sont en un jour allées

Il ne faut pas mettre Pâques avant les Rameaux

Celui qui doit être pendu à Pâques trouve le carême bien court

JOYEUSES PÂQUES