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Ghislaine Koenig, écrivaine publique à La Ferté-Saint-Cyr dans le Loir-et-Cher, fait part de son expérience – riche et éclectique – de biographe.

Une toile offerte à Ghislaine Koenig par l’une de des clientes

Collaborer à la création de récits de vie est une des facettes les plus plaisantes du métier d’écrivain public et celle que j’apprécie le plus.
Car laisser une trace de son histoire à ses descendants, c’est tout simplement transmettre un lien vers ses origines, une connaissance de faits ou de sentiments dont on n’a pas forcément parlé et qui peut-être expliquent certains comportements.
C’est enrichir la perception de ceux à qui sont destinés le récit de vie.
En ce début d’année, je viens de finaliser deux récits de vie et j’ai demandé à chacune des deux personnes un exemplaire dédicacé des livres imprimés.
Je suis très fière de commencer cette collection de livres, car auparavant tous les récits de vie auxquels j’ai collaboré n’ont pas fait l’objet d’une édition, seulement de la transmission d’un fichier.
Et une édition en livre, cela change tout !
Quel plaisir de pouvoir consulter le récit, page après page !
Cela a un avantage, c’est de repérer plus facilement les imperfections quand il s’agit du premier exemplaire commandé, mais cela peut devenir frustrant quand le nombre d’exemplaires définitifs a été commandé et que l’on s’aperçoit d’un oubli ou carrément d’une faute d’orthographe. Personne n’est à l’abri… J’ai donc prévenu qu’une coquille était toujours possible, malgré ma vigilance. La diffusion de ces livres reste cependant dans un cadre familial et amical, donc assez restreint.
Le premier livre, 180 pages, raconte la vie professionnelle d’un homme dans l’industrie verrière, passé de simple manœuvre à cadre, qui s’est essayé ensuite à plusieurs autres métiers, avant de prendre sa retraite et de se lancer avec un copain d’enfance dans des projets plus ou moins fous. C’est un témoignage, à destination de ses enfants et petits-enfants, très riche, les faits sont rapportés en faisant appel à une mémoire impressionnante, jusque dans les détails.
Le deuxième livre, d’une soixantaine de pages, est plus intime et relate la vie d’une femme pour qui rien n’a été simple. Cela lui a permis de réfléchir sur sa vie passée et d’en faire le récit pour ses enfants, avec une certaine introspection, pour qu’ils aient la perception de ce qu’elle a vécu et de ce qu’elle leur raconte, alors qu’ils en ont peut-être un autre souvenir ou ressenti ou alors une mauvaise connaissance.
Deux sortes de collaboration complètement différentes.
Dans la première, pas de problème de cohérence, juste une reformulation et la correction de fautes d’orthographe.
Dans la deuxième, la collaboration est allée plus loin, avec une recherche de la cohérence des dates et des évènements, une orientation sur ce qui serait intéressant de raconter, une reformulation. Il a fallu laisser le temps à cette personne de s’approprier ses souvenirs et permettre une réflexion plus approfondie. Et de se réconcilier avec elle-même, puis de sentir apaisée avec le sentiment du devoir accompli, de livraison de sa vérité pour peut-être arriver à une réconciliation avec ses proches.
Elle s’est beaucoup livrée, par petites touches, reprenant parfois une confidence sous un autre angle pour ne rien cacher, pour être la plus transparente possible, sans complaisance concernant certains de ses comportements.
En lisant, en relisant ce qui a été écrit, en corrigeant, le temps a fait son œuvre et elle a accepté de figer les termes, comme soulagée d’avoir donné sa vérité. Elle a été libérée de la souffrance de penser que, sans ce livre, la version de sa vie qu’elle fournit n’aurait pas eu la même possibilité d’être connue par ses descendants.
Et toujours avec le sentiment que sans moi, le récit n’aurait jamais pu voir le jour. C’est d’ailleurs la dédicace qui m’a été faite : « Égrainer ma vie pour en faire un condensé n’aurait pas été possible sans votre aide. »
Alors oui, collaborer pour faire aboutir un récit de vie, c’est parfois rentrer dans l’intimité des personnes, c’est parfois savoir quand il faut poser des questions ou s’abstenir, mais c’est toujours, une fois le travail réalisé, la satisfaction d’avoir été utile.

Ghislaine Koenig