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Par Marie-Agnès de Francqueville

« Renée est devant Mathias. Elle s’arrête et se penche pour cueillir une fleur. Mathias est ramené brutalement en arrière, en cette matinée de décembre, dans le silence ouaté par le froid, où résonne par moments une détonation, le croassement d’une corneille. Il tient René en joue. Elle lui tourne le dos. Et voilà qu’elle se retourne et le regarde. Mathias se fige, incapable de tirer. Son corps est paralysé, mais, à l’intérieur, il vacille, et glisse, pris par une sensation de chute vertigineuse accompagnée d’un brusque haut-le-cœur, comme quand on rêve qu’on tombe et qu’on s’éveille juste avant de s’écraser. Quand il revient à elle, l’enfant le regarde toujours, de ses yeux noirs et brillants comme des laques, ardents et graves. Il peut presque éprouver physiquement le rythme du sang pompé par le cœur de la gamine, déferlant dans ses veines, ses muscles, irriguant ses lèvres rouges, d’où s’échappe son haleine, aussitôt matérialisée par l’air glacé. Quelque chose d’ineffable émane d’elle, une extraordinaire et impérieuse présence. Elle est la vie, et elle le regarde comme si elle le reconnaissait, comme si elle l’attendait. Ce n’est pas lui qui a choisi de ne pas l’abattre. C’est elle qui l’a choisi. »
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Ce premier roman est un coup gagnant. Bouleversante, écœurante, haletante, déconcertante, cette histoire singulière ne cède aucune place à l’indifférence. Elle nous immerge dans l’opération Griffon, contre-offensive allemande dans les Ardennes belges en 1944. Son objectif est de capturer intact les ponts sur la Meuse pour le passage des troupes germaniques. Sous l’autorité d’Otto Skorzeny, des soldats allemands se déguisent en américains et utilisent des véhicules pris à l’ennemi. Ces infiltrés parlent couramment l’anglais. Ils apprennent des injures américaines et la manière d’ouvrir un paquet de cigarettes ou d’offrir du feu. Mathias est un de ceux-là. Il agit tel un automate, jusqu’au jour où il croise le regard d’une petite fille juive. Pas n’importe quel regard…