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Écrivaine publique dans le Loir-et-Cher, Ghislaine Koenig s’est lancée dans l’expérience de « bêta-lectrice » grâce au réseau professionnel LinkedIn. Un partenariat atypique et gagnant-gagnant avec un auteur. Elle raconte comment. 

Le mot bêta-lecture a été créé en référence au test d’un programme informatique, nommé bêta-test, effectué avant la livraison du programme final. 

C’est donc la lecture critique en avant-première d’un texte par quelqu’un qui n’en est pas l’auteur, dans le but d’aider ce dernier à l’améliorer et lui proposer des pistes de réflexion. L’auteur manque de recul pour juger sainement de la qualité de son œuvre et il va profiter de ces retours pour remédier aux faiblesses qu’elle peut encore comporter et perfectionner son texte.

Le bêta-lecteur agit comme un simple lecteur, il donne un avis et un ressenti. Ce doit être une personne étrangère à la famille ou à l’entourage de l’auteur, mais il doit s’intéresser au sujet et au travail de l’auteur. Et c’est encore mieux quand il y a plusieurs bêta-lecteurs, car cela permet à l’auteur de croiser les commentaires et les ressentis. Retrouver les mêmes commentaires ou remarques par des personnes qui ne se connaissent pas permet de mettre encore plus en lumière les points qu’il faudra retravailler nécessairement pour approfondir ou corriger.

Le bêta-lecteur, en règle générale, alerte sur les incohérences, les explications superflues ou celles qui sont manquantes, les passages qui ne sont pas clairs, les répétitions, les tics de langage. Il signale ce qui a pu le gêner, ce qu’il n’a pas compris, ce qui lui a particulièrement plu. Il peut aussi relever les coquilles et fautes d’orthographe, les lourdeurs de style éventuelles, mais il s’agit plutôt là du rôle de l’éditeur (quand le livre est diffusé par une maison d’édition) ou du professionnel, écrivain public par exemple, engagé par l’auteur (quand le livre est auto-édité).

Tous les éléments relevés par les bêta-lecteurs, qu’ils soient pertinents ou non, engagent une potentielle remise en question de l’auteur et sont une porte ouverte à une réflexion, qui peut mener à un remaniement, partiel ou total comme au maintien tel quel de l’élément concerné. Une remise en question est toujours utile, c’est en tout cas le but de la bêta-lecture.

Mon engagement comme bêta-lectrice

Inscrite sur Linkedln depuis quelques années (réseau professionnel que j’ai découvert dans mon ancienne vie de salariée du secteur des assurances), j’ai continué à le consulter d’abord pour continuer à me tenir informée des évolutions de mon ancien métier, puis, car j’y trouvais nombre d’articles sur des sujets m’intéressant. Appréciant particulièrement tout ce qui tourne autour de l’écriture, je me suis inscrite en mars 2020 à une formation gratuite proposée par l’un de mes contacts, Christopher Piton, sur l’écriture de contenus percutants et engageants. Et début juillet 2020, Christopher Piton a proposé à ses abonnés e-mail (une majorité d’indépendants) de participer au processus de relecture et de réécriture de son livre dont le thème est l’utilisation de Linkedln pour développer une activité d’indépendant. Il voulait coller au plus près à l’attente de ses lecteurs, avant la transmission d’une version définitive à son éditeur Eyrolles.

J’ai répondu favorablement à cette proposition. Concernée par le sujet (qui ne souhaite pas voir sa clientèle évoluer ?), débattre des méthodes pour y parvenir en commentant le texte me convenait tout à fait. D’autant plus que Christopher avait été clair, l’éditeur avait sa propre correctrice qui se chargerait de la correction de l’ouvrage au final, il ne nous demandait pas nous attarder sur l’orthographe ou la syntaxe.

Le bonus fourni par Christopher aux différents bêta-lecteurs, en compensation du temps passé à commenter, sera de pouvoir bénéficier de sa part d’un accompagnement individualisé (comme l’optimisation du profil, des commentaires sur les publications). L’engouement pour la relecture (lié certainement au sujet du livre, à la personnalité et au professionnalisme de son auteur) a permis à Christopher de réunir près de cinquante volontaires et dès lors, il a fallu qu’il s’organise.

Les coulisses de la bêta-lecture du livre

Christopher a créé douze fichiers Google Docs, un par groupe de quatre bêta-lecteurs pour une question de lisibilité ensuite des commentaires. Le livre se décomposant en 10 chapitres, notre mission a été de lire et de commenter deux chapitres par semaine entre le 17 juillet et le 14 août, Christopher se chargeant d’alimenter le Google Docs de deux chapitres chaque vendredi. Les remarques, suggestions et questions devaient être laissées dans le Google Docs de préférence avant le vendredi de chaque semaine. Au fur et à mesure de nos commentaires, en réponse dans le Google Docs, Christopher s’expliquait ou nous indiquait que telle ou telle remarque était pertinente.

En outre, un groupe Linkedln privé rassemblant tous les bêta-lecteurs a permis à Christopher d’inclure un résumé des chapitres pour permettre un débat de tous.

Le sujet du livre devrait intéresser tous ceux qui créent leur propre emploi. Dans chacun des dix chapitres, une étape clé est décrite. La progression s’effectue pas à pas et propose des exercices à effectuer. Le contenu est bien ficelé et se lit très facilement. Pour tout vous avouer, j’avais hâte chaque vendredi de découvrir les deux chapitres suivants.

Les motivations d’un bêta-lecteur peuvent être différentes selon les personnes.  Pour bien remplir ce rôle, il faut cependant faire preuve de sérieux, de rigueur (surtout pour respecter les délais fixés), d’honnêteté, de sincérité et d’un peu de retenue pour faire les remarques afin qu’elles soient entendues sans risquer de froisser l’auteur.  La première motivation d’un bêta-lecteur est l’envie de découvrir le texte du livre avant son édition, avant tout le monde (c’est aussi ce qui m’a motivé). Cela peut être aussi le plaisir de repérer les forces, les faiblesses du texte et d’approcher l’auteur autrement.

La bêta-lecture profite aussi au bêta-lecteur, puisque ce dernier apprend de ce qu’il observe et commente. Cela va se répercuter sur ses futures lectures, il va repérer plus vite et plus facilement ce qui peut gêner le lecteur lambda. Dans une expérience de groupe de bêta-lecteurs, il s’enrichit aussi du point de vue des autres. Et cet enrichissement personnel est la clé pour moi, à lui seul, de mon engagement comme bêta-lectrice.

Pour l’auteur, l’objectif est de nouer avec son groupe de bêta-lecteurs une relation de confiance et d’objectivité. Le réseau ainsi créé sera composé de futurs défenseurs et promoteurs du livre, c’est certain. Le texte a été remis à l’éditeur après correction. J’ai hâte maintenant de découvrir la version définitive et de pouvoir consulter la version papier. La sortie est prévue fin novembre 2020.

Ghislaine Koenig