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Le journal de Mayotte, dans son édition en ligne du 18 octobre 2019, nous apprend que La Poste met à disposition du public quarante écrivains numériques. En effet la généralisation des formalités administratives via internet a frappé Mayotte, territoire où l’illettrisme électronique, et même l’illettrisme tout court, affecte 80 % de la population.

Ce handicap n’a pas – semble-t-il – beaucoup ému les autorités préfectorales, mais il a alerté La Poste, qui a recruté quarante jeunes. À ce point du récit on citera deux extraits de l’article, auquel on pourra se reporter si on le souhaite en cliquant ici.

Premier extrait : À la fin du mois, les 21 points contacts de La Poste seront connectés à un réseau Wifi dédié, « Wifi first », « il sera gratuit pour tous les Mahorais, à raison d’une demi-heure pour ceux qui n’ont pas d’adresse “laposte.net”, et deux heures pour les autres. » Les jeunes volontaires en service civique auront donc pour priorité d’inciter à se doter de l’adresse postale. Une bonne opération commerciale donc également pour l’opérateur. « A la fin du mois, nous serons la première direction régionale de France à fonctionner en 100 % numérique. » Fonctionnement des automates, aide au téléchargement de l’appli « La Poste », on voit la mutation des actions des écrivains numériques.

Deuxième extrait : Ils (les jeunes volontaires) seront rémunérés par plusieurs biais. Tout d’abord le dispositif national des Volontaires en service civique, « qui est fonction de leur situation sociale, mais avec un plancher à 496 euros, auxquels s’ajoutent 120 euros de La Poste, qui dépassent le minimum de 107 euros, ainsi qu’un tutorat par Tifaki Hazi », explique Saoudat Abdou, directrice de la communication de La Poste. L’association de service à la personne a créé une entreprise de travail temporaire pour insérer les jeunes en difficulté.

Résumons : dans un territoire lointain où l’analphabétisme fait rage, l’administration est passée néanmoins au tout numérique, sans (sauf erreur) prendre de vraies mesures d’accompagnement. La Poste a compris qu’il y avait là une brèche où s’engouffrer. Elle a mis en place pour neuf mois (qui ne résoudront aucun problème de fond) quarante jeunes qui ne lui coûtent que 120 euros mensuels (plus des charges sociales, peut-être) et a investi 100 000 euros dans des tablettes, non pour les beaux yeux du public, mais pour recruter de nouveaux clients, qui seuls auront droit aux deux heures gratuites (dont l’article ne dit pas la périodicité). Un bon coup de pub, une bonne opération commerciale à peu de frais, avec la complicité d’une administration indifférente ou maintenue par force dans l’inaction, comme on voudra. Ainsi va la vie.

Edmond Varenne