La certification qualité a été délivrée
au titre de la catégorie d'action suivante :
Actions de formation
Sélectionner une page
À l’occasion de la seconde session de formation à l’exercice du métier d’écrivain public en milieu pénitentiaire qui s’est tenue en octobre dernier (nous y reviendrons), l’un des participants, Olivier Dumas, membre de l’AEPF, écrivain public dans le Loiret, a souhaité signaler tout particulièrement un livre de Philippe Claudel, Le bruit des trousseaux.

Philippe Claudel nous plonge dans le milieu carcéral, cet environnement qu’il a fréquenté lorsqu’il dispensait des cours aux détenus. Il y a découvert un monde bien particulier, fait de bruits et d’odeurs, un monde qui a son langage, ses habitudes, son propre fonctionnement ; une petite société à part entière, avec ses tensions et ses difficultés, mais également ses moments de joie et d’humanité. Dans les prisons en effet, il ne se joue pas que des relations complexes, violentes, ou de domination, il existe également des relations humaines respectueuses. Il s’y déroule surtout une vie très particulière, en autarcie, séparée du monde par quelques centimètres de tôle.  La prison est le lieu d’innombrables lois non écrites, jamais discutées, mais toujours appliquées, souligne Claudel.

L’auteur jongle avec les mots et les maux avec un à-propos saisissant. Son écriture est fluide, elle coule simplement. Non sans un savoureux sens du langage, Claudel nous rappelle que lui sort de la prison et non de prison. Ses pages se teintent d’humour lorsqu’il relate le mouvement social des gardiens (ils n’ont pas le droit de grève) qui, dans une logique contraire à leur vocation, empêchent d’entrer en prison et non d’en sortir. Le livre nous interroge sur l’ambivalence de l’enfermement, fait de limites humaines et sociales et, en même temps, de vertus protectrices et rassurantes pour les citoyens que nous sommes.
Philippe Claudel signe un superbe essai à lire absolument.
Il est incontournable pour tout écrivain public qui intervient en milieu pénitentiaire.