La certification qualité a été délivrée
au titre de la catégorie d'action suivante :
Actions de formation
Sélectionner une page

Par Sandrine Chevillon

Voici un pronom indéfini source de bien des questionnements existentiels : faut-il considérer que nous sommes une masse de personnes et user du pluriel ou cette somme est-elle envisagée sous l’angle individuel et dans ce cas serions-nous seul parmi le tout ? La philosophie a parfois recours à d’autres disciplines pour trouver des réponses à ses interrogations. Menons, ce mardi, la réflexion à l’aide de la grammaire et découvrons les règles de chacun.

Il est à noter tout d’abord que chacun ne possède pas de pluriel, toutefois il varie en genre et peut donc être utilisé au féminin sous certaines conditions.

Ainsi, chacun demeure exclusivement masculin lorsqu’il signifie « toute personne sans distinction ». Aussi écrirons-nous : Chacun reprend le travail après les fêtes en tentant d’oublier les excès. Il reste également au masculin, en toute logique, quand il se rapporte à des noms de genres différents : Le clavier, la plume présentent chacun des avantages pour l’écrivain public.

En revanche, quand chacun désigne « chaque personne ou chaque chose, prise séparément ou dans un ensemble déterminé », il s’accorde en genre avec le nom ou le pronom auquel il renvoie. Aussi avons-nous lu, cela va sans dire, chacun des livres rangés dans nos bibliothèques et connaissons-nous, assurément, sur le bout des doigts chacune des règles de grammaire analysées dans les Points !

Chacun est, en outre, parfois associé à un possessif. On veillera dans ce cas à déterminer si :

 chacun renvoie à la 1e ou à la 2e personne du pluriel : on emploie alors l’adjectif possessif correspondant (notre, nos, votre, vos) ; nous écrirons de ce fait : Nous avons chacun nos prestations spécifiques ; Vous avez, chers écrivains publics, chacun vos manuels de grammaire préférés… ; notons que l’expression « partir chacun de son côté » constitue une exception à ce précepte ;

 chacun évoque la 3e personne du pluriel : l’usage le plus fréquent et recommandé est celui des formes son, sa ou ses ; néanmoins, on peut également considérer que le possessif se rapporte au nom ou au pronom et utiliser leur(s) ; nous orthographierons de ce fait, au choix : Il range ses livres chacun à sa place ou bien il les remet chacun à leur place.

Nous observons par ailleurs qu’en tant que nominal, chacun(e) peut être précédé de l’article indéfini un(e) ou de tout un : Nous en avons un chacun ; Cela arrive à tout un chacun

… Il est aussi à signaler que la tournure « entre chacun(e) » est tout à fait correcte : Entre chacune de ses relectures, l’écrivain public enregistrait ses modifications.

Ajoutons enfin que l’usage familier veut que chacun trouve sa chacune et que l’on s’en va chacun son tour

. Cependant, il est largement préférable de maintenir la préposition à dans cette dernière occurrence et de prendre ses congés chacun à son tour

.

Montaigne écrivait dans ses Essais que « philosopher, c’est douter ». Or, nous savons par notre expérience hebdomadaire, qu’étudier la grammaire, nous plonge également dans le doute ! Aussi, selon un raisonnement par syllogisme de type aristotélicien, nous pouvons en conclure, sans le moindre doute ce coup-ci, que faire de la grammaire revient à philosopher, non ?