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Par Sandrine Chevillon

« Des sosies lexicaux ! Littéralement les mêmes ! Sémantiquement identiques ! Auditivement semblables ! », s’écrie-t-on au premier abord. Mais un œil et une oreille exercés distinguent aisément, derrière les apparentes similitudes, des distinctions subtiles, voire des oppositions irréductibles. Apprenons à regarder au-delà des mots, à entendre au-delà des paroles et identifions les vocables au pied de la lettre. En d’autres termes, une leçon de vocabulaire mettra le point sur le i de ce mardi !

De façon générale, on appelle homonymes des mots qui se prononcent de la même manière mais qui ont néanmoins des significations différentes. Parmi les homonymes, on distingue :

– les homographes, qui ont la même orthographe et la même prononciation, tels que : l’aire (la surface) et l’aire (le nid de l’aigle), le livre (de l’écrivain public) et la livre (de farine), le moule (à gâteaux) et la moule (à la sauce marinière), la mousse (du savon) et le mousse (sur le bateau), le palais (du maharadjah) et le palais (dans la bouche), d’abord (premièrement) et d’abord (l’accès ou l’aspect), le car (de touristes) et car (mais ou et donc or ni car)… ;
– les homophones qui, pour leur part, ont une orthographe différente et une prononciation similaire, comme : la chair (des animaux), la chaire (de l’université), cher (c’est-à-dire coûteux), chère (dans l’expression « faire bonne chère à quelqu’un », autrement dit bon accueil), cher/chère (pour un(e) ami(e) à qui on voue une affectueuse tendresse) ; il en va de même pour le verre (de l’amitié), le vers (du poète), le vert (du peintre), le ver (de terre), le vair (de la pantoufle de Cendrillon)…

La langue étant en continuelle évolution, à l’instar d’un organisme vivant, notons de ce fait que l’homonymie n’est pas figée. Ainsi l’ancien français ne faisait pas de distinction phonétique entre la grammaire et la grand-mère. A contrario, l’autel se prononçait « altel » ou « alter » et n’avait rien de commun avec l’hôtel que l’on prononçait alors « ostel ».

Par extension, les paronymes sont des termes presque homonymes, qui comportent toutefois une faible différence sonore et orthographique. Il convient de veiller à ne pas confondre les mots en question. En voici quelques exemples : inculper (un voleur) / inculquer (une valeur à un enfant) ; une conjecture (nécessairement hypothétique) / une conjoncture (sociale et économique) ; une collision (accidentelle) / une collusion (d’intérêts) ; l’avènement (du Christ) / l’événement (spectaculaire) ; une allocation (pour le logement) / une allocution (face à la foule) ; l’acception (d’un mot dans le dictionnaire) / l’acceptation (de son triste sort) ; l’amnistie (d’un inculpé) / l’armistice (de la guerre) ; l’allusion (à un fait) / l’illusion (théâtrale) ; la gradation (du suspense) / la graduation (de la règle) ; le percepteur (du Trésor public) / le précepteur (de l’enfant)…

Ajoutons, en outre, que la figure de style recherchée par l’écrivain (parfois public) qui use volontairement de paronymes n’est autre que la paronomase. Éluard évoquait, par ce biais, les « lingères légères ».

Nous sommes sans conteste bien plus familiarisés avec les synonymes, véritables outils de travail de l’écrivain public. Il va sans dire que ce sont des termes présentant des analogies sémantiques fortes et de ce fait substituables afin d’éviter les lourdeurs répétitives dans nos textes. Néanmoins ces mots synonymes conservent toujours des nuances d’acception, qui rendent le remplacement parfois ardu.

Examinons avec précision l’écart sémantique entre dénué, dépourvu, dépouillé et privé :

  Dénué indique un manque absolu, en général, bon ou commode.

  Dépourvu, pour sa part, marque l’insuffisance de choses qui seraient pourtant nécessaires pour agir, rendant le sujet dépourvu faible ou impuissant.

  Dépouillé, quant à lui, sous-entend que la chose manquante a été possédée puis enlevée à son propriétaire.

  Pour ce qui est de privé, il désigne le sujet qui ne jouit pas de ce qu’il devrait normalement posséder.

Pour finir, nous relevons la catégorie des antonymes, mots de sens contraires, qui n’ont rien de commun en ce qui concerne l’orthographe, du type : riche / pauvre ; loin / près ; jeune / vieux ; naître / mourir ; amour /haine

Stylistiquement, le jeu sur l’usage d’antonymes au sein d’une même phrase est appelé antithèse. Hugo écrivait sur ce modèle : « J’ai vu l’aube et l’ombre en mes cieux ». Lorsque les termes sont côte à côte dans le même syntagme, il s’agit de l’oxymore. Corneille décrivait : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles ».

Le style doit être toujours être au service du fond. Chers écrivains publics, pas d’écrits vains, le public, qu’il soit ou non dans le secret mérite des discours efficaces !