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(par Sandrine Chevillon)

Quand il nous ment, son orthographe est douteuse ; et quand nous doutons, inutile de se mentir, c’est qu’une règle de grammaire nous échappe… Ce point fera donc la vérité sur l’adverbe qui –ment !

De manière générale, on forme l’adverbe en ajoutant le suffixe –ment au féminin de l’adjectif. Forte produit ainsi fortement, douce devient doucement et difficile génère difficilement. Remarquons toutefois qu’un certain nombre d’adjectifs ne donnent pas lieu à la formation d’adverbes. Charmant, fâché, content, etc. n’ont de ce fait pas de correspondant adverbial.

Il serait des plus extraordinaire que la formation de l’adverbe ne possède pas quelques particularités. Examinons ces règles « exceptionnelles » dont notre si belle grammaire foisonne.

1° Certains adverbes en –ment sont formés sur le masculin de l’adjectif terminé par une voyelle : vrai -> vraiment ; aisé -> aisément ; poli -> poliment ; éperdu -> éperdument

2° Néanmoins, certains de ces adverbes sont construits, non pas sur l’adjectif masculin terminé par une voyelle, mais bien sur le féminin, dont le e final a chuté. L’adverbe en conserve d’ailleurs la marque par la présence d’un accent circonflexe : assidue -> assidûment ; (in)congrue -> (in)congrûment ; continue -> continûment ; crue -> crûment ; goulue -> goulûment ; indue -> indûment… Il est cependant à noter que les rectifications orthographiques de 1990, émises par le Conseil supérieur de la langue française, suppriment la nécessité des accents circonflexes sur les u des adverbes. Cette « nouvelle » norme n’étant pas pour autant obligatoire, nous restons libres d’écrire avec ou sans accent. Le cas est suffisamment rare dans la langue française pour que nous le soulignions ! Ajoutons en outre que les deux orthographes sont correctes que l’on aille gaiement ou gaîment.

3° D’autre part, –ement devient –ément dans certains adverbes tels que : commodément, confusément, énormément, expressément, précisément, profondément

4° Des inclassables sont à relever : gentil -> gentiment ; impuni -> impunément ; traître -> traîtreusement (formé sur traîtreuse, féminin de l’ancien adjectif traîtreux).

5° Par ailleurs, aux adjectifs terminés par –ant et –ent correspondent respectivement des adverbes en –amment et –emment : courant -> couramment ; suffisant -> suffisamment ; prudent -> prudemment ; fréquent -> fréquemment… Nous observons également quelques exceptions comme : lent -> lentement ; présent -> présentement ; véhément -> véhémentement.

6° On relève enfin quelques adverbes en –ment formés sur des noms, des adjectifs indéfinis ou d’autres adverbes. C’est notamment le cas de bêtement, diablement, vachement, mêmement, tellement, comment, quasiment

Au vrai, voilà la vérité sur l’adverbe qui ment ! Je vous laisse méditer sur une réflexion que faisait Goethe (sans nul doute au moment de refermer son manuel de grammaire !) : « Voulez-vous être délivré de la vérité, étouffez-la avec des mots. » Pour ma part, je vous propose, chers écrivains publics, l’interprétation suivante : libérons-nous du carcan théorique, écrivons nos adverbes !