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Par Sandrine Chevillon

Mettons l’accent en ce mardi sur les graves difficultés que rencontrent régulièrement tous les scripteurs. Si en tant qu’écrivains publics, nous avons un sens aigu du respect de l’orthographe, face au « e » nous prenons parfois l’accent du désespoir. Une mise au Point s’impose sur la législation de l’accentuation de la voyelle afin de verbaliser sans faute !

Généralement, le changement d’accent s’accompagne pour le locuteur d’une modification de la prononciation du mot. Ainsi le « e » doté d’un accent aigu se prononce [e]*, comme dans nous sommes levés ; tandis que le « e » comportant un accent grave se prononce [ε]*, comme dans ses lèvres sont rouges. (* Selon l’alphabet phonétique international.)

Observons d’abord les verbes qui ont un « e » muet dans la dernière syllabe du radical de l’infinitif. C’est le cas, notamment de : promener, achever, relever, soupeser, ciseler, crocheter… Ceux-ci voient, dans leurs conjugaisons respectives, le « e » du radical se transformer en « è ». Les situations qui produisent cette alternance sont les suivantes :

• le « è » précède toujours les terminaisons muettes -e, -es ou -ent, des présents de l’indicatif, du subjonctif et de l’impératif : Je me promène, Il faut qu’ils soupèsent le sac, Crochète la porte ;

• le « è » est également de rigueur lorsque le verbe est conjugué au futur simple de l’indicatif et au présent du conditionnel : Nous achèverons nos exercices de grammaire, Tu te relèverais avec difficulté si tu tombais de cette échelle.

Notons en outre que les verbes qui font leur infinitif en –eler et –eter suivent ce modèle, à l’exception toutefois d’appeler et jeter, ainsi que des verbes de leur famille. En effet, ces derniers doublent la consonne « l » ou « t » : Nous rappelons => je rappelle ; Nous projetons => je projette.

Il est important de préciser que les verbes en –eler et –eter ont fait l’objet d’une simplification lors des rectifications de l’orthographe du 6 décembre 1990 par le Conseil supérieur de la langue française. À cette occasion, l’usage du « è » a été étendu à tous les verbes de ce type, à l’exclusion des composés d’appeler et jeter. Néanmoins, ces rectifications n’étant pas obligatoires, nous pouvons continuer à les écrire en doublant la consonne : Il grommelle une remarque inaudible ; la feuille volette doucement.

Examinons par ailleurs les verbes qui ont un « é » dans la dernière syllabe du radical de l’infinitif, comme tolérer par exemple. Le « é » du radical devient « è » seulement devant les terminaisons muettes -e, -es ou -ent des présents de l’indicatif, du subjonctif et de l’impératif : Ils cèdent leurs parts de la société ; Sèche-toi les cheveux avant de sortir ; Il faut que tu décélères pour aborder le virage en toute sécurité.

En revanche au futur simple de l’indicatif ou au présent du conditionnel, ils conservent l’écriture avec l’accent aigu, bien que celui-ci se prononce [ε] : Ils succéderont à leurs pères ; Il léguerait tous ses biens à une œuvre de charité.

Conserver son accent et l’entretenir est une chose capitale, chers écrivains publics. Je vous propose donc de méditer sur cette citation de La révolte des accents, du grammairien émérite et académicien, Erik Orsenna : « Sans accent, tous les « e » sembleraient tomber du cul de la poule, alors qu’il y a des « é », des « è », des « ê »… »