Par Sandrine Chevillon
• J’aimerai ou j’aimerais ?
Il ne faut pas confondre le futur simple de l’indicatif avec le présent du conditionnel. Le -s final au conditionnel permet de différencier les deux premières personnes du singulier, qui seraient sans cela absolument similaires. Sémantiquement, ils sont pourtant très éloignés. J’aimerai les sorties entre copines quand je serai grande, par exemple, indique la certitude d’aimer dans l’avenir. Cependant, dans la phrase j’aimerais aller au cinéma ce soir, « si cela est possible » est sous-entendu implicitement. Le conditionnel insiste donc sur l’éventualité. C’est d’ailleurs celui-ci que l’on utilise quand on demande une baguette à la boulangerie, ou un renseignement à une administration : J’aimerais savoir si ma demande a été traitée. Le conditionnel vous permet d’ordonner que l’on vous réponde en toute politesse.
• Je vous saurai ou serai gré ?
« Je vous saurai gré » est une expression formée à l’aide du verbe savoir et signifie « je vous serai reconnaissant de… ». Cela explique sans doute que l’on mêle parfois, à tort, les deux tournures.
• Peut-on pallier à quelque chose ?
« Pallier » est un verbe transitif direct, par conséquent on ne peut que pallier quelque chose. Ajouter la préposition « à » est purement erroné. Notons, en outre, que « pallier » signifie dissimuler, atténuer un fait, mais en aucun cas remédier à un problème.
• Comment différencier une tache d’une tâche ?
Sans accent circonflexe, il s’agit d’une salissure ou d’une tache de rousseur. En revanche, la tâche est un travail, une besogne qui demande un effort.
• Comment conjuguer les composés de faire et de dire ?
Défaire, refaire, parfaire, satisfaire, ainsi que tous les verbes composés de faire se conjuguent comme ce dernier. Il faudra donc écrire : vous faites / défaites / refaites / parfaites / satisfaites.
A contrario, les verbes composés de dire, ne se conjuguent pas tous sur le même modèle. Ainsi nous devrons orthographier : vous dites et redites mais vous contredisez / dédisez / interdisez / médisez / prédisez et vous maudissez.
• Une chose peut-elle s’avérer vraie ?
« S’avérer » signifie être reconnu comme vrai. Aussi prendrons-nous garde de ne pas écrire « s’avérer vrai » qui constituerait un véritable pléonasme, ni même « s’avérer faux », qui ne serait rien d’autre qu’un contresens. Ainsi la culpabilité de quelqu’un est avérée mais le renseignement s’est révélé faux.
• À l’envie ou à l’envi ?
« À l’envi » est une expression ayant pour sens « à qui mieux mieux ». Elle n’a néanmoins aucun rapport avec l’envie, sentiment proche de la jalousie ou du désir. On évitera de ce fait de confondre les oiseaux chantaient à l’envi en ce début de printemps et à l’envie de monter sur scène se mêlait le trac de l’acteur.
• Allons-nous de concert ou de conserve ?
« Naviguer de conserve » est une expression empruntée au vocabulaire de la marine et signifie que l’on suit le même cap en se gardant à vue. Autrement dit, il s’agit de se tenir compagnie. « Agir de concert » introduit une idée de collaboration en parfait accord. On distinguera en conséquence les manifestants cheminèrent de conserve jusqu’à la place de la République et les syndicats travaillèrent de concert à la signature des accords.
• Portons-nous des tenues blanches et noires ou des tenues blanc et noir ?
Si certaines de nos tenues sont entièrement noires et d’autres entièrement blanches, les adjectifs s’accorderont en toute logique. Toutefois, si les tenues en question comportent les deux couleurs combinées, elles sont alors noir et blanc. On prêtera ainsi une attention particulière aux troupeaux de vaches noires et blanches ou de vaches noir et blanc !
• C’est acquis ou acquit ? . Ce dont on doit s’acquitter est, par ailleurs, un acquit
. Par acquit de conscience , on considèrera que les règles orthographiques ne pas sont pas un acquis définitif. Gardons à l’esprit que l’écrivain public est régulièrement victime d’accidents de la plume. Les statistiques de la sécurité scripturale sur le sujet sont effroyables ! Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 99,999% des écrivains publics commettent une infraction orthographique, plus ou moins grave, par semaine. L’application systématique des règles de grammaire semble être le seul moyen dont nous disposons pour réduire les risques. Un seul conseil : soyez au Point (du mardi) ! Et n’oubliez pas que, d’après les Sentences de Publilius Syrus, « l’erreur d’un jour devient une faute, si l’on y retombe ».
Ce que l’on acquiert, en d’autres termes dont on fait l’acquisition, est un acquis