Pascal Martineau intervient depuis huit ans au Centre pénitentiaire d’Orléans-Saran dans le cadre du Conseil départemental de l’accès au droit du Loiret.
Je tiens – avec l’autorisation de la personne concernée – à faire part d’une expérience qui donne totalement sens à mon travail d’écrivain public en milieu pénitentiaire.
J’avais rédigé pour une personne détenue qui rencontre de grandes difficultés pour lire et écrire, un courrier destiné à l’éducatrice de l’Aide sociale à l’enfance qui s’occupe de son fils âgé de 5 ans qui a été placé en famille d’accueil.
En réponse, l’éducatrice lui a rapporté l’échange qu’elle avait eu avec l’enfant.
L’éducatrice lui a répondu en lui rapportant le dialogue suivant :
L’éducatrice : « Comment ça se passe à l’école ? »
L’enfant : « Ça se passe bien ! »
L’éducatrice : « Comment ça se passe chez tata ? » [c’est la famille d’accueil]
L’enfant : « Bien, je vais partir en vacances de mer ! »
L’éducatrice : « Papa a dit qu’il t’aimait très fort et qu’il pense à toi »
L’enfant : « Moi aussi je l’aime »
L’éducatrice : « As-tu envie de le revoir ? »
L’enfant : « OUI !!! »
L’éducatrice : « Pour le moment, ce n’est pas possible. Mais promis, on ira le voir bientôt [une visite au parloir était prévue]. Tu veux bien faire un petit dessin à papa ? »
L’enfant « Oui »
La personne détenue m’a demandé de lui lire cet échange.
Je dois reconnaître que, pour la première que j’interviens en milieu pénitentiaire – ça fait huit ans – j’ai été très ému en lisant ces quelques phrases. J’ai retenu une larme.
Pour beaucoup de personnes détenues – hommes ou femmes – le fait d’être séparé de leurs enfants constitue une punition bien plus insupportable que celui d’être enfermé.