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En décembre 1944 le sous-lieutenant Onoda, de l’armée japonaise, est affecté aux Philippines, dans les troupes chargées de la défense de l’île de Lubang. Au cours de l’année 1945 les Américains débarquent et le sous-lieutenant, plutôt que de se rendre, prend le maquis avec trois camarades. Les forces US ou philippines les repèrent parfois et les pourchassent, toujours en vain.

Au cours des mois et des années suivantes des tracts rédigés par les Japonais eux-mêmes sont parachutés sur les montagnes pour inciter les irrédentistes à déposer les armes, puisque la guerre est finie. Seul un des quatre fugitifs se rend (en 1950). Onoda et les deux autres ne veulent rien savoir.

En 1954 les Philippins abattent le premier des camarades du sous-lieutenant, et en 1972, donc après vingt-sept ans de traque, le second. Onoda reste seul mais persiste dans son intention de lutter jusqu’au bout. Sa légende dépasse celle des plus grands samouraïs et même celle du Yéti. Trouver Onoda devient un défi mondial.

En février 1974 un jeune aventurier japonais nommé Suzuki (ça ne s’invente pas) s’enfonce dans la jungle philippine et tombe sur le sous-lieutenant Onoda. Il lui explique (on devine qu’il a fallu d’abord qu’il montre l’équivalent nippon de la patte blanche) que l’Empereur a cessé le combat en 1945, et que rien ne justifie cette obstination à faire la guerre. Mais il restait à Onoda un fusil, plusieurs grenades, cinq cent cartouches sans compter son sabre gardé en réserve pour le hara-kiri final, et notre brave sous-lieutenant ne voulait rien savoir tant que son supérieur hiérarchique ne lui donnait pas l’ordre de déposer les armes.
Ce supérieur était le major Yoshimi Tanigushi qui par chance était toujours en vie, quoique reconverti dans la librairie (un métier qui tue lentement). Il fallut donc qu’il vînt en personne ordonner à Onoda de déposer les armes, le 9 mars 1974. Ce qui fut fait. Le sous-lieutenant, gracié par les Philippins bien que leur ayant tué une trentaine de soldats au fil des ans, rentra au Japon où il est mort le 16 janvier dernier.

J’en entends certains qui disent : pourquoi diable évoquer ceci sur un site d’écrivains publics, qui de plus se veut sérieux ? À quoi bon nous conter l’histoire de cet officier japonais psychorigide ?

Pour une excellente raison. Interrogé sur les motifs qui en 1945 et dans les années suivantes l’avaient incité à ne pas obtempérer aux ordres reçus par tracts, Onoda répondit :

« Ils étaient bourrés de fautes, j’ai cru qu’il s’agissait d’une ruse des Américains. »


Dédié à ceux qui pensent que l’orthographe ne sert à rien.

(Cette histoire est tirée du site www.arretsurimages.net avec lequel j’aurais volontiers fait un lien, d’autant que les photos et le reste du texte de l’article sont intéressants, mais il est en accès payant.)

Edmond Varenne