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Impossible d’être toujours positif, parfois il faut savoir dire non ! Entendons-nous bien, je ne suis évidemment pas en train de vous inciter à un ascétisme façon Siméon le Stylite au sommet de sa colonne ! Rassurez-vous, je vous propose simplement de faire le point sur le maniement de la négation dans nos écrits.

Dans la langue française, la négation se compose de deux éléments : ne, placé avant le verbe simple, l’auxiliaire ou le pronom conjoint, et pas, plus, jamais, point ou guère, adverbe placé quant à lui après le verbe ou l’auxiliaire. Un seul cas particulier toutefois est à relever : ces deux éléments restent soudés devant un infinitif. On écrira donc : Il n’est pas là ; Il craint de ne jamais rentrer.

À l’oral, l’usage actuel est à l’effacement de ne. Aussi entend-on souvent je peux pas venir. Bien que cela constitue une incorrection grammaticale, il est tout à fait justifié d’utiliser ce procédé d’oralité à l’écrit dans nos dialogues. En effet, cela confère plus de réalisme à une conversation entre deux amis ou entre des enfants, par exemple.

Dans certains cas ne peut s’employer seul. Il s’agit alors d’un usage littéraire. Toutefois il est le plus souvent possible de rétablir la forme « ne…pas » pour rendre compte d’un langage courant. Les occurrences concernées sont les suivantes :
• après certains verbes d’aspect ou de modalité suivis d’un infinitif : Je ne saurais dire ; Tu ne peux répondre ; Je n’ose le croire ; Elle ne cesse d’y penser ; Il ne put retenir son bras… ;
• après un si hypothétique : Si je ne me trompe ; Si tu n’avais peur de venir ; S’il ne lisait le point du mardi, l’écrivain public devrait se replonger dans son vieux manuel de grammaire ;
• après qui ou quel dans une interrogation oratoire : Qui n’en conviendrait ? ;
• après que interrogatif ou exclamatif employé au sens de pourquoi : Que ne le disiez-vous plus tôt ? ;
• dans une subordonnée relative ou consécutive, après une principale interrogative ou négative : Il n’y a personne qui ne sache cela ; Y a-t-il quelqu’un qui ne soit désespéré par la complexité de la grammaire française ? ;
• dans une expression de temps indiquant le temps écoulé, introduite par voilà ou il y a associés à que, ou dans une subordonnée introduite par depuis que : Voilà (il y a) longtemps que je ne l’ai vu ; Il s’est écoulé de longues années depuis qu’on ne s’est rencontrés ;
• dans des locutions ou des expressions proverbiales : Qu’à cela ne tienne ; Il n’empêche… ; Je n’ai cure… ; Il n’a que faire…

Terminons par le ne dit « explétif », c’est-à-dire qui n’est pas exigé par la syntaxe. Son emploi est toujours facultatif car il n’a pas de valeur proprement négative. Il confère de ce fait à la phrase un niveau de langue recherché. Sa particularité est de s’opposer sémantiquement à la négation exprimée par ne…pas. Ainsi je crains qu’il ne vienne signifie que j’ai peur qu’il vienne, par opposition à je crains qu’il ne vienne pas

, dont le sens est évident. On l’utilisera dans différentes constructions :
• les complétives compléments d’un verbe exprimant la crainte, l’empêchement, la défense, le doute ou la négation (craindre, empêcher, éviter, prendre garde, douter, nier…) : Elle craint/évite/empêche que le chien ne s’échappe ; Je ne doute pas qu’il ne rentre bientôt ;
• les circonstancielles introduites par avant que, à moins que ou de peur que : Dépêchons-nous de peur qu’on n’arrive en retard ;
• les comparaisons d’inégalité, autrement dit les propositions introduites par que et associées à un terme marquant l’inégalité (autre, plus, moins, plutôt…), si, et seulement si, la principale est positive : Il est plus bête qu’il ne le paraît signifie en fait qu’il ne semble pas être aussi bête au premier abord (soit dit en passant, on connait tous quelqu’un qui correspond parfaitement à cette description !).

Notez pour finir que le ne explétif ne s’utilise jamais devant un infinitif.

Voilà de quoi démêler le nœud gordien du ne grammatical. Usez de la négation tant qu’il vous plaira, mais pensez à garder l’esprit positif !