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Par Sandrine Chevillon

La tendance littéraire de ce début de XXIe siècle est à la liberté stylistique. Plus de carcan canonique à respecter : les contraintes formelles sont démantelées. Le texte s’oralise : la parole s’écrit désormais comme elle se prononce. Le modèle syntaxique sujet + verbe + complément est bien souvent dépassé par la nécessité de transcrire la pensée telle qu’elle est conçue par l’esprit et formulée spontanément par l’énonciateur. Aussi avons-nous fréquemment recours à des structures atypiques. Effectuons un tour d’horizon de ces tournures spécifiques.

Les phrases à présentatif sont sans conteste les plus utilisées. Elles permettent, comme leur nom l’indique, de présenter un groupe nominal ou son équivalent, qui occupe alors la fonction de complément. Analysons les différentes structures présentatives.

C’est… qui/que… forme un gallicisme qui permet de mettre en relief n’importe quel élément de la pensée, à l’exception du verbe, sur lequel on veut attirer l’attention du lecteur. On veillera à éviter les tournures fautives « c’est à toi à qui… », « c’est d’elle dont… » ou encore « c’est là … », auxquelles il faut préférer : C’est à toi que je pense ; C’est d’elle qu’il parle ; C’est là que je me trouve… En langage soutenu, le pluriel est de rigueur : Ce sont des personnes que j’apprécie énormément. Le pluriel est toutefois exclu devant les pronoms personnels nous et vous et les structures ce n’est pas eux, c’est dix euros, ce sera les enfants de la voisine qui jouent dans le jardin, ainsi qu’à l’oral par souci d’invariabilité.

Voici et voilà sont invariables. Ils peuvent s’employer seuls (Voilà, voilà… on vient !), être suivis d’un comparatif (Voilà le plus beau de l’histoire) ou d’une proposition complétive (Voilà que le soleil se lève ; Voici venir le temps des cerises). Voilà est d’un usage plus courant que voici. L’opposition classique entre la proximité, à travers voici, et l’éloignement que traduit voilà, est désormais rarement pratiquée. Néanmoins, on se souviendra que voici renvoie à ce qui suit, tandis que voilà fait référence à ce qui précède.

Il y a ne peut s’employer seul, il est impérativement suivi d’un pronom personnel, d’un groupe nominal ou d’une proposition complétive ou relative : Il y a moi ; Il y a le bus ; Il y a que je ne suis pas d’accord ; Il y a un client qui veut vous rencontrer… Il y a possède deux valeurs : il joue le rôle de présentatif analogue à voici, mais exprime également l’existence comme il existe.

Il est était couramment utilisé à l’époque classique et concurrençait il y a, impersonnel comme lui et de sens analogue. Dans l’usage moderne, il est se rencontre dans des expressions figées impersonnelles réservées à l’expression du temps : Il est temps/tard/midi…

Parsemer vos textes de phrases atypiques en affinera le style, cependant prenez garde à ne pas en abuser pour ne pas risquer la redondance et la familiarité.